Professeur en économie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, le professeur Serigne Ousmane Bèye ne partage pas l’avis du président Bassirou Diomaye Faye sur l’état de santé de l’économie nationale qu’il a hérité du président Macky Sall. Joint par téléphone par Dakaractu, l’universitaire souligne que « de façon globale, la situation économique n’est pas mal comme ils le pensent. C’est normal qu’ils accusent sciemment l’ancien régime pour avoir les coudées franches pour avoir un bon départ. Mais les agrégats macroéconomiques sont bons, la dette est soutenable. On tourne autour de 70% et la dette extérieure est payée », tient-il à faire savoir.
Toutefois, il rappelle ce qu’il avait dit dès leur accession au pouvoir. Le professeur émérite de dire, « j’avais dit qu’ils devraient d’abord payer la dette extérieure et intérieure. Extérieure pour être crédible et intérieure pour relancer l’économie. L’échéance de la dette est respectée. Ils ont retrouvé de l’argent dans les caisses, la projection de croissance tourne autour de 8% pour 2024 selon les institutions internationales, le budget prévu aussi pour 2024 tourne autour de 7.000 milliards. Donc s’ils travaillent bien, ils peuvent respecter les engagements de l’ancien régime au niveau des investissements et en plus réaliser une partie des investissements qu’ils ont promis », laisse-t-il entendre.
« Ce que Macky Sall a laissé est à saluer parce qu’il a fait de gros investissements, les salaires n’ont jamais tardé, le déficit budgétaire est maîtrisé autour de 4%. C’est la dette intérieure qui pose problème. C’est ce qu’il faut s’atteler à payer pour permettre à nos hommes d’affaires nationaux de pouvoir relancer leurs activités et créer de la richesse et de l’emploi. L’économie tourne autour de la consommation, de l’investissement, des exportations, etc… Et pour consommer, il faut soutenir un pouvoir d’achat. Et pour soutenir un pouvoir d’achat, il faut un emploi », explique l’universitaire qui tient à rassurer l’opinion nationale et les partenaires.
Malheureusement depuis qu’ils sont au pouvoir, regrette l’enseignant à la faculté des Sciences économiques et de gestion de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, « ils parlent de foncier, d’audit, de chasse aux sorciers voilée », un faux débat devant l’urgence persistante.
Ainsi, dit-il, « ils se sont rendus compte qu’ils sont impuissants face à beaucoup de promesses tenues : ils n’ont pas pu baisser le prix du loyer et des denrées de première nécessité, le premier ministre dit pour les inondations qu’il y a des problèmes et peut-être qu’ils n’y arriveront pas, alors que le régime précédent a fait beaucoup d’efforts là-dessus. Ils doivent parler moins et beaucoup travailler. Les jeunes les attendent beaucoup sur la question de la création d’emplois pour fixer les jeunes et stopper l’émigration irrégulière », conseille le professeur.