Si rien n’est fait, les contre-performances du gaz algérien à l’export pourraient davantage s’amplifier au cours des cinq prochaines années. Entre projet stratégique pour attirer les investisseurs afin de booster la production, réévaluation de l’accord de libre-échange avec l’UE et réorganisation en interne, les méninges tournent à plein régime.
Les multiples sorties de ces derniers jours, du président Abdelmadjid Tebboune au ministre de l’Energie Abdelmadjid Attar en passant par l’ambassadeur d’Algérie à Bruxelles Amar Belani, en disent long sur les réflexions en cours pour l’avenir gazier de l’Algérie.
Sombre horizon 2025 si rien n’est fait
Troisième exportateur de gaz au monde après la Russie et la Norvège, l’Algérie, qui a déjà enregistré de grosses pertes en volumes ces dernières années, pourrait davantage contre-performer si rien n’est fait. « Les exportations au cours de la période 2025-2030 seront comprises entre 26 et 30 milliards de mètres cubes par an », a déclaré le ministre de l’Energie lors d’une interview sur Ennahar TV dimanche. Ce qui représente une chute de 41% à 49% comparé aux 51,4 milliards de mètres cubes exportés en 2018 et 53% à 59% par rapport aux 64 milliards de mètres cubes vendus sur le marché international en 2005. En 2020, le ministère prévoit l’exportation de 40 milliards de mètres cubes de gaz naturel.
Abdelmadjid Attar explique ces contre-performances par trois facteurs principaux : la production stagnante, la hausse de la consommation intérieure et l’insuffisance de l’investissement.
En Algérie, les hydrocarbures, secteur clé de l’économie, représentent une manne financière vitale. Au total, 95% des revenus extérieurs proviennent de l’exploitation du pétrole et du gaz. Alors que les perturbations sur les marchés internationaux ont plongé le pays depuis quelques années dans une crise économique importante, celle-ci n’a fait qu’être exacerbée par la pandémie de Covid-19, dans un contexte d’ultra-faible diversification économique.
Plan pour une exploration à grande échelle à partir de 2021
Actuellement, l’Etat étudie toutes les pistes qui peuvent lui permettre d’éviter de sombrer davantage dans un contexte sociale tendu. Pour ces raisons notamment, le président Abdelmadjid Tebboune a demandé une réévaluation de l’accord de libre-échange avec l’Union européenne (UE), sous le lead du ministre algérien du Commerce Kamel Rezig. En ligne de mire, le Pacte vert européen pour lequel l’Algérie veut améliorer son positionnement, pour ainsi booster et ses chiffres à l’export. Rappelant que ce pays d’Afrique du Nord fournit plus de 12% des importations de gaz naturel de l’UE, l’ambassadeur d’Algérie à Bruxelles, Amar Belani, s’est montré très optimiste dans une interview accordée à Afrique-Asie.
A côté, Alger concocte actuellement son plan pour une exploration gazière à grande échelle. Selon le ministre de l’Energie qui a précisé que le pays dispose de plus de 2 500 milliards de réserve de gaz naturel, un appel d’offres international devrait être lancé début 2021 visant les investisseurs étrangers.
Le ministère réfléchit également à une restructuration de la Sonatrach (la compagnie pétrolière et gazière nationale) en crise depuis plusieurs années. D’ailleurs, l’Etat y envisage un audit indépendant pour en ausculter les failles. Bref, il y a du pain sur la planche pour revitaliser le secteur gazier algérien et plus largement l’économie nationale.