Les transitions au cœur du défi climatique

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Le Groupe de la Banque mondiale intensifie actuellement ses financements pour aider les pays à faire face à la fois à la pandémie et au changement climatique, car notre avenir durable dépend des décisions que les pays prennent aujourd’hui.

La dépollution des systèmes énergétiques passera nécessairement par des actions menées sur plusieurs fronts, notamment les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et une transition juste vers la sortie du charbon.

Pour lutter contre l’insécurité alimentaire et protéger les forêts, il faudra développer des pratiques agricoles climato-intelligentes et des solutions fondées sur la nature.

Imaginez un monde où les exploitations agricoles produisent des aliments nutritifs et élèvent un bétail en bonne santé sans porter atteinte à l’environnement. Où chaque village, chaque ville et chaque agglomération est alimenté par une énergie propre et où les systèmes urbains de transport en commun sont sûrs, d’un coût abordable et non polluants. Où les habitants ont des emplois qui contribuent à la croissance durable de demain. Ce monde est à notre portée, mais à condition que nous relevions les défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui.

Au cours de l’année écoulée, la pandémie de COVID-19 a dévasté des communautés, donné un grave coup de frein à l’économie et fait basculer des millions de personnes dans la pauvreté. Dans le même temps, la crise climatique a continué de sévir, et l’année 2020 compte parmi les plus chaudes jamais enregistrées (a).

Le Groupe de la Banque mondiale intensifie actuellement ses financements pour aider les pays à faire face à la fois à la pandémie et au changement climatique, car notre avenir durable dépend des décisions que les pays prennent aujourd’hui (a).

« De même qu’un « bon » développement sera bénéfique pour le climat, le développement a tout à gagner de l’action climatique »

Bernice von Bronkhorst

Directrice mondiale pour le Changement climatique, Banque mondiale

« De même qu’un « bon » développement sera bénéfique pour le climat, le développement a tout à gagner de l’action climatique », souligne Bernice van Bronkhorst, directrice mondiale pour le Changement climatique à la Banque mondiale.

Un nouveau Plan d’action sur le changement climatique, d’une durée de cinq ans, soutiendra les investissements porteurs de transformations dans les secteurs clés qui sont les premiers responsables des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Les processus de transition décarbonée dans les secteurs de l’énergie, des transports, des villes, de l’industrie et de l’alimentation devraient générer des milliers de milliards de dollars d’investissements (a) et des millions de nouveaux emplois au cours de la prochaine décennie.

En outre, le développement de services de base dans les secteurs de l’eau et de l’assainissement, de l’énergie et de la connectivité numérique pourrait améliorer la santé, l’éducation et les compétences de millions de personnes, les aider à faire face au changement climatique, et permettre aux pays de sortir plus forts de la pandémie de COVID-19.

« En mobilisant les capacités d’innovation et les capitaux du secteur privé, il est possible d’opérer une transformation massive vers une économie sobre en carbone, tout en maintenant la croissance et la création d’emplois », estime Vivek Pathak, directeur pour les Opérations climatiques au sein d’IFC, la branche du Groupe de la Banque mondiale dédiée au secteur privé.

Ramesh Dudiwadia, qui travaille dans les marais salants, nettoie ses panneaux solaires au lever du soleil à Little Rann Off Kutch, en Inde. Photo © Dominic Chavez/Société financière internationale (IFC)

Soutenir la transition vers les énergies propres

En l’espace de quelques années, le solaire et l’éolien terrestre sont devenus les nouvelles sources d’électricité les moins chères (a) dans la plupart des pays. Certains pays couvrent déjà la majeure partie de leurs besoins énergétiques quotidiens grâce aux énergies renouvelables. En dépit de la pandémie de COVID-19, les capacités supplémentaires en énergies renouvelables ont dépassé les 260 gigawatts (GW) en 2020, soit une progression de près de 50 % par rapport au niveau record déjà atteint l’année précédente.

En 2019, on recensait dans le monde 11,5 millions d’emplois dans le secteur des énergies renouvelables. D’ici à 2030, ce sont plus de 200 millions de nouveaux emplois nets (a) qui pourraient être créés dans 24 grandes économies de marché émergentes grâce à des investissements verts en faveur d’une transition résiliente et bas carbone.

Mais pour transformer les systèmes énergétiques, il faudra agir simultanément sur plusieurs fronts :

décarboner le secteur de l’électricité en soutenant davantage les énergies renouvelables ;

accroître la fiabilité de l’approvisionnement électrique alors que les coupures de courant coûtent 185 milliards de dollars par an dans les pays à revenu faible et intermédiaire ;

aider les pays à opérer une transition juste vers la sortie du charbon ;

améliorer l’efficacité énergétique ;

supprimer les subventions aux combustibles fossiles tout en élargissant l’accès à l’énergie.

« La décarbonation du secteur de l’électricité va avoir lieu », affirme Rohit Khanna, responsable du Programme d’assistance à la gestion du secteur énergétique (ESMAP). « Elle ne se produit pas assez rapidement, c’est certain, mais la voie est toute tracée : nous aurons de l’électricité sans émissions de carbone de notre vivant. »

Au cours des cinq dernières années, le Groupe de la Banque mondiale a contribué à la production ou à l’intégration de 47,5 GW d’énergies renouvelables et investi 13 milliards de dollars dans l’efficacité énergétique. L’objectif à présent est de poursuivre et d’accélérer les efforts dans ce sens.

En Inde, par exemple, le Groupe a appuyé le parc solaire Rewa Ultra Mega Solar, l’une des plus grandes centrales de ce type au monde avec une capacité de 750 mégawatts (MW) et contribué à l’essor du marché des panneaux solaires sur toiture. Il a également soutenu un programme de développement de l’efficacité énergétique en installant des millions d’ampoules LED, de tubes fluorescents, de ventilateurs de plafond à faible consommation d’énergie et de lampadaires à LED. Sur l’ensemble de sa durée de vie, ce programme devrait permettre d’éviter l’émission de près de 100 millions de tonnes de CO2 par an.

Grâce au soutien du Groupe de la Banque mondiale, les premières centrales solaires à grande échelle de Zambie (a) approvisionnent désormais 30 000 ménages et entreprises et contribuent à diversifier le bouquet énergétique du pays. Le même dispositif est en cours de déploiement dans d’autres pays africains et en Ouzbékistan.

Faire évoluer les transports

Le secteur des transports est actuellement responsable d’environ un quart des émissions mondiales de GES liées à l’énergie, et la tendance n’est pas encourageante. D’ici à 2030, le trafic annuel de passagers dépassera les 80 000 milliards de passagers-kilomètres, soit une augmentation de 50 % par rapport à 2015 ; le volume mondial de marchandises augmentera de 70 % et 1,2 milliard de voitures supplémentaires circuleront sur les routes, soit le double du total actuel.

Il est urgent de faire évoluer les transports pour permettre aux individus de se déplacer, de respirer un air propre et d’être productifs, et pour réduire le coût des perturbations causées par les transports, qui s’élève à 107 milliards de dollars par an (a) dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

Cette transformation sera rendue possible grâce à :

des transports publics climato-résilients ;

une réforme des politiques et de la réglementation ;

une évolution du fret vers des solutions à faibles émissions de carbone ;

des investissements dans des équipements plus économes en énergie ;

un appui à la transition vers la mobilité électrique.

Le potentiel de transformation est considérable. En 2010, à peine 17 000 voitures électriques circulaient sur les routes du monde entier. En 2019, il y en avait 7,2 millions (a). Plusieurs grands constructeurs automobiles ont récemment annoncé leur intention de fabriquer des véhicules électriques et certains aspirent à passer au tout-électrique après 2030.

« L’un des principaux facteurs de changement réside dans la révolution de la technologie des batteries : elles sont devenues moins chères et plus légères, leur densité énergétique s’est accrue, et leur fiabilité et le nombre de recharges possibles ont augmenté », explique Franz R. Drees-Gross, directeur des Infrastructures pour la Région Amérique latine-Caraïbes à la Banque mondiale.

Le Groupe de la Banque mondiale encourage les systèmes de transport public (services d’autobus express et métros, véhicules et bus électriques), les modes de transport non motorisés (la marche et le vélo) et le verdissement du parc automobile des administrations publiques.

« Grâce aux effets combinés des apports de la technologie et des investissements dans les bus électriques et autres véhicules électriques intra-urbains à usage intensif, les avantages en termes de fiabilité et de coût de ces solutions seront bientôt tels qu’ils sonneront le glas du moteur à combustion interne », prédit John Graham, spécialiste principal pour le secteur des transports à IFC.

La modernisation du transport de marchandises offre elle aussi des gains importants. Par exemple, le recours à des combustibles comme l’ammoniac et l’hydrogène plutôt qu’à des combustibles fossiles pour la propulsion des navires (a) permettrait non seulement de réduire les émissions, mais aussi d’aider de nombreux pays à percer sur le marché des combustibles décarbonés tout en modernisant les infrastructures énergétiques et industrielles.

Le Bangladesh transfère une partie du transport de marchandises sur les voies navigables fluviales (a), une solution qui devrait permettre de réduire les émissions, de diminuer les coûts de transaction pour les fournisseurs et d’améliorer la fiabilité et l’efficacité du transport de marchandises dans le pays.

Le projet d’amélioration de la logistique ferroviaire en Turquie (a) permettra de déplacer le transport routier de marchandises vers un réseau ferré modernisé reliant les zones industrielles aux ports, dans le but de réduire à la fois les coûts de transport et les émissions de GES.

Créer des villes durables

Pour que le monde soit plus durable, il faut des villes plus durables. Aujourd’hui, la moitié de la population mondiale vit dans une ville. En 2050, ce sera le cas de plus de 70 % des habitants de la planète.

La mise en place d’une transition urbaine résiliente et bas carbone suppose :

un développement axé sur les transports en commun ;

une amélioration des services d’approvisionnement en eau et d’assainissement ;

des énergies propres ;

des économies circulaires qui recyclent les déchets ;

une amélioration de l’efficacité énergétique grâce à un durcissement des normes de construction ou à la modernisation des bâtiments existants ;

un renforcement de la résilience.

« Nous étudions les moyens d’utiliser des solutions fondées sur la nature, comme les mangroves, pour la gestion des risques d’inondation et pour renforcer la résilience des villes. Tous ces aspects sont importants pour l’avenir de notre climat, mais aussi pour la qualité de vie dans les zones urbaines », indique Anna Wellenstein, directrice du Développement durable pour l’Amérique latine et les Caraïbes.

Au Mozambique, le projet Villes et changement climatique (a) comprend un système de drainage des eaux pluviales doté de 11 kilomètres de canaux et de systèmes de régulation des crues afin de prévenir les inondations. Il renforce la résilience face aux risques météorologiques et a permis à la ville portuaire de Beira de se relever rapidement après le passage dévastateur des cyclones Idaï et Kenneth.

Au Viet Nam, un pays en pleine urbanisation, le projet de modernisation urbaine (a) a amélioré les réseaux d’eau et de collecte des eaux usées, les routes, les égouts, les lacs, les canaux et les ponts, ce qui a bénéficié à 7,5 millions de citadins pauvres.

À la fin de 2020, le programme EDGE (a) d’IFC, un système de certification des bâtiments écologiques reconnu au niveau international, avait certifié plus de 16 millions de mètres carrés dans le monde.

La Banque aidera également les villes et les agglomérations à accéder à davantage de financements, ainsi qu’à des outils et à un soutien pour intégrer les risques dans la planification urbaine et l’aménagement du territoire.

Industrie

L’industrie, en particulier la production de matériaux de base comme les produits chimiques, l’acier et le ciment, aura besoin de nouvelles technologies pour opérer une transition rapide et peu coûteuse vers un développement à faibles émissions de carbone.

L’électrification de l’industrie permettra d’augmenter l’efficacité énergétique et, si elle est alimentée par des énergies renouvelables ou de l’hydrogène vert, réduira considérablement les émissions de GES et jouera un rôle important dans la transition énergétique (a).

Le Groupe de la Banque mondiale soutient le développement de parcs éco-industriels dans plusieurs pays, dont le Bangladesh, où le projet d’investissement privé et d’entrepreneuriat numérique (a) devrait permettre de créer 150 000 nouveaux emplois, d’attirer 3,7 milliards de dollars d’investissements du secteur privé, d’intégrer 150 entreprises utilisant des services et des installations écologiques et résilientes, et d’éviter 30 000 tonnes d’émissions de GES par an.

Le tout premier prêt bleu (a), destiné à promouvoir l’utilisation durable des ressources océaniques, permettra à un fabricant mondial de résine plastique de recycler 50 milliards de bouteilles en plastique (a) par an d’ici à 2025 dans quatre pays d’Asie et un pays d’Amérique latine.

La Banque mondiale aidera les pays à élaborer des politiques qui favorisent une croissance résiliente et sobre en carbone, tout en les rendant plus compétitifs. Tandis qu’IFC et la MIGA s’attacheront à appliquer des principes « bas carbone » aux investissements dans l’industrie lourde, à évaluer leurs projets à travers le prisme climatique et à ne pas financer la construction de nouvelles centrales au charbon.

Un utilisateur de capteur GPS permettant de suivre les performances des machines agricoles dans une rizière du Pakistan. Crédit photo : Flore de Preneuf / Banque mondiale

Une transition verte pour l’agriculture, l’alimentation et l’affectation des terres

Une planète en bonne santé et un système alimentaire performant seront nécessaires pour nourrir les 9,7 milliards d’habitants que devrait compter la planète en 2050. Mais les pratiques agricoles actuelles sont à l’origine d’importantes émissions de GES, de la disparition de forêts et de la perte de biodiversité, d’une dégradation des sols, de l’épuisement des ressources hydriques, de pollution et de maladies.

Pour lutter contre l’insécurité alimentaire et protéger les forêts, il faudra développer à plus grande échelle une agriculture climato-intelligente et des solutions fondées sur la nature.

« Les nouvelles technologies jouent un rôle essentiel, et elles doivent bénéficier d’un soutien plus important, car la R-D dans l’agriculture est faible au regard de l’importance de cet enjeu », souligne Stéphane Hallegatte, économiste principal chargé du changement climatique à la Banque mondiale. « Il n’y a pas de solution miracle et beaucoup d’autres choses sont nécessaires, notamment des régimes alimentaires plus sains et plus durables, une meilleure gestion de l’utilisation des terres, une protection des zones naturelles qui soit respectée, une diminution du gaspillage alimentaire et une meilleure logistique dans ce secteur. »

« L’une des choses sur lesquelles nous insistons le plus est ce que nous appelons le “triple gain” dans l’agriculture, c’est-à-dire la recherche d’investissements qui soient résilients face aux changements climatiques, qui réduisent les émissions et qui augmentent la productivité », explique John Roome, directeur du Développement durable pour la Région Asie du Sud à la Banque mondiale.

En Colombie, par exemple, les agriculteurs utilisent un système sylvopastoral combinant des graminées, des petites plantes et des herbes avec des arbustes et des arbres destinés à l’alimentation animale notamment. Le sylvopastoralisme a permis de relever le revenu annuel par hectare d’environ 523 dollars et d’augmenter la productivité laitière de 36,2 % en moyenne.

Afin de tirer parti des solutions technologiques pour lutter contre le gaspillage alimentaire, IFC a investi en 2020 dans Apeel Sciences, qui a mis au point un revêtement d’origine végétale pour aider les producteurs, les distributeurs et les détaillants à prolonger considérablement la durée de conservation des fruits et des légumes frais, en réduisant les pertes et le besoin de réfrigération.

Le Groupe de la Banque mondiale aidera les pays à transformer l’agriculture et les systèmes d’alimentation tout en s’orientant vers la sécurité alimentaire, qui constitue une priorité mondiale urgente. La préservation des forêts et du capital naturel en général constitue un volet essentiel de cette transition.

« Il n’y a guère de désaccord sur la nécessité de permettre une reprise qui soit plus juste, plus sûre et plus durable », conclut Richard Damania, économiste en chef de la Banque mondiale pour le Développement durable. « Les choix qu’opèrent aujourd’hui les gouvernements sur la manière de relancer leur économie auront des conséquences à long terme qui façonneront leur développement pendant des décennies. »

Pour en savoir plus sur les modalités des transitions décarbonées, et plus généralement sur les politiques, innovations et marchés porteurs de solutions résilientes et sobres en carbone, revivez les webinaires Innovate4Climate 2021, l’événement annuel phare du Groupe de la Banque mondiale sur le climat.

 

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