Mali: bilan et situation économique à l’occasion des 60 ans de l’indépendance

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Soixante ans après l’indépendance du Mali, le secteur agro-pastoral reste l’un des principaux piliers de l’économie du pays, avec le coton comme pourvoyeur de devises.

Malgré une population rompue au commerce régional et l’importance de plus en plus croissante du secteur minier, le Mali occupe encore les dernières places dans le classement de l’indice de développement humain. Bref bilan de l’économie malienne depuis l’indépendance du pays.

Avec 17 milliards de dollars de produit intérieur brut (PIB) pour une population d’environ 20 millions de personnes, le Mali figure aujourd’hui parmi les pays dont le PIB par habitant est inférieur à 1 000 dollars. L’indépendance politique acquise il y a 60 ans, a-t-elle entraîné une indépendance économique ?

Hamed Sow, Docteur en économie de la production et ancien ministre : « Tout dépend de ce qu’on entend par le terme indépendance économique. S’il s’agit de dire que nous sommes fortement dépendants de l’économie internationale, c’est-à-dire que nous exportons des produits bruts et que nous importons des produits manufacturés, on peut dire effectivement qu’on a une forme de dépendance de l’économie internationale. Aujourd’hui, nous sommes presque 21 millions de Maliens, nous avons multiplié par quatre le nombre de la population ; notre PIB (on n’a pas les chiffres exacts des années 1960) de 1968 à 2018, a également été multiplié par quatre. En termes de PIB par habitant, c’est aujourd’hui près de 900 dollars. »

Le Mali a appliqué de bonnes politiques économiques dès l’indépendance en 1960 jusqu’en 1968. Des politiques inspirées par le bloc soviétique de l’époque, suivies d’une libéralisation de l’économie qui n’a pas produit le bond de développement escompté. En fait, l’évolution de l’économie du Mali depuis l’indépendance a toujours été le reflet de la situation politique.

Le fruit de la libéralisation économique profite à une poignée de Maliens

La libéralisation effective de l’économie après l’échec du programme d’ajustement structurel imposé par le Fonds monétaire international (FMI) dans les années 80, s’est accompagnée d’une tare dont les Maliens ont du mal à se débarrasser.

Etienne Fakaba Sissoko, professeur de macro-économie à la Faculté des Sciences-économiques et de Gestion de Bamako : « La corruption a atteint un niveau extraordinaire, il n’y avait plus de contrôle dans les secteurs d’investissement. Ce manque de contrôle au niveau des choix des investissements a conduit malheureusement à des croissances économiques fortes de 5%, mais sans que cela ne se traduise par une amélioration des conditions de vie des populations. »

L’impunité des crimes économiques fait que la corruption freine les investissements au Mali. Les inégalités sociales et économiques se sont aggravées, avec d’importantes disparités dans l’accès aux services sociaux de base, souligne Etienne Fakaba Sissoko. « On a autant dans les milieux urbains des populations assez riches et aisées, autant dans les zones rurales des populations très pauvres, qui manquent de tout. »

Les crises sécuritaires et politiques que le Mali connaît depuis 2012 ont freiné la croissance économique que le pays aurait pu enregistrer. Et maintenant, avec la pandémie du coronavirus, le taux de croissance prévue pour cette année est tombé à 0,9%, au lieu de 5% prévus avant le début de la crise sanitaire, selon le FMI.

RFI

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